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Création du Grand Équipement National pour le Calcul Intensif (GENCI)

C'est bien connu, la France est en retard par rapport à ses voisins. Une fois de plus, l'argument nous est donné pour justifier une décision.

La France est en retard, donc.

L'article du Figaro qui nous présente la décision du gouvernement de créer le Genci (Grand Équipement National pour le Calcul Intensif) précise : « Car en puissance de calcul installée par habitant, la France arrive à l'avant-dernière place des pays européens industrialisés, avec 17 teraflops (un teraflop = mille milliards d'opérations par seconde). Un chiffre ridicule au regard des 40 teraflops affichés par la Suisse, des 42 de l'Espagne ou des 99 teraflops de l'Allemagne. »

Voilà. Et tout le monde de trouver normal que le gouvernement mette 50 millions d'euros sur la table pour que nous remontions de quelques places dans ce classement.

Venons-en au fait. Le Genci va être créé entre le ministère de la recherche (50%), le CEA (20%), le CNRS (20%) et les universités (10%). Il disposera d'un budget d'investissement de 25 millions d'euros par an, et ce dès 2007.

Sans être dans les secrets des cabinets, nous pouvons penser que cet argent va servir à acquérir un (ou quelques) cluster de calcul de dernière génération. Une telle acquisition fera certainement du bien à la communauté scientifique, bien pauvre dans ce type d'équipement.

Mais qu'on ne se trompe pas d'objectif : cela ne va pas changer notre classement en terme de puissance de calcul installée par habitant. Ce n'est pas parce que le genci va mettre x dizaines de milliers de CPU dans un cluster, faisant passer le nombre de CPU en France de 30 à 30,x millions que nous serons tout à coup les champions d'europe de la capacité de calcul par tête.

Par ailleurs, il nous semblerait judicieux de passer un peu de temps à estimer une puissance de calcul nécessaire à nos communautés scientifiques et industrielles et de la comparer à la puissance de calcul non utilisée, disponible, installée et en fonctionnement. D'autant que de formidables outils existent pour fédérer ces puissances disponibles et fabriquer ainsi des clusters de calculs distribués.

Tous ceux qui ont un PC le savent : ils n'utilisent que quelques pourcent de sa capacité, que ce soit chez soi ou dans son entreprise. Rien que le gisement de capacité de calcul qui se trouve dans les entreprises françaises devrait faire pâlir d'envie les plus gros calculateurs du monde.... Et les entreprises françaises renouvellent régulièrement leurs parcs informatiques, qui restent ainsi relativement "up to date".

J'avais vu passer une info sur le financement des investissements informatiques des entreprises. Il y a même eu une loi (ou plutôt une Loi 2004-1485 de Finances Rectificative pour 2004) dans ce sens, dont à ma connaissance, aucun décret d'application n'est jamais sorti.

C'est ce type de loi qui peut faire changer notre classement en puissance de calcul par tête. Et imaginons un instant que le crédit d'impôt proposé soit assortit d'un obligation de mettre sa puissance de calcul inutilisée au service d'un cluster de calcul distribué ...

Ce serait fort. Très fort. Et cela ne coûterait sans doute pas beaucoup plus de cinquante millions d'euros, peut-être moins.

Peut-être y arriverons-nous un jour !

Lire le compte rendu du comité interministériel du 11 juillet 2006, en particulier le paragraphe 3.3.

Créé par jcbabinet
Dernière modification lundi 14 août 2006 10:34